Craftsmanship & Excellence

Bonjour Michael aujourd’hui on va parler d’un sujet assez important et intéressant qui est le craft ou le craftsmanship et l’excellence au niveau opérationnel. D’abord comment définis-tu le craft ?

Pour moi le craftsmanship c’est une recherche d’excellence. Faire les choses le mieux possible en s’appuyant sur les meilleures pratiques. C’est la recherche de solutions en s’appuyant sur les outils les plus appropriés. Avoir une part de responsabilité dans le fait d’apporter de la valeur. L’excellence ne veut pas dire tout maîtriser ou être un hyper technique. Faire les choses le mieux possible globalement. On inclut les soft skills, s’appuyer sur les autres personnes de l’équipe. Fonctionner ensemble c’est important aussi dans le craft. Faire participer, transmettre, écouter… Il tant de choses qui interviennent mais effectivement le point essentiel : la recherche de l’excellence à tous les niveaux. Attention cependant car cela ne veut pas dire perfection. 

Alors tout de suite vous placez le craft dans la recherche d’excellence de façon globale. Donc il y a le côté technique mais aussi les aspects de compétences humaines. Alors quelles sont les compétences nécessaires à acquérir pour être craft dans le software ?

Il y a une autre chose qui me semble essentielle qui est la notion de plaisir. Pour faire les choses bien je pense qu’il est indispensable d’y prendre plaisir. Il n’est pas uniquement personnel puisque on agit au sein d’une équipe, au sein d’une entreprise.
Par extension il y a je pense la notion d’empathie. S’attacher au rôle qu’on a auprès des autres. Je dis parfois que mon rôle est d’apporter du bonheur aux autres. Pas parce que je raconte des blagues, même si c’est un plus ! Mais parce que je prends conscience de leurs attentes, de leurs besoins, leur manière d’être… Ce qui va permettre à tout l’engrenage de fonctionner du mieux possible, idéalement en symbiose. Avoir conscience de la place qu’on occupe au sein d’une équipe et le sens de notre travail. Avoir conscience de sa place et de son importance. Pas de manière égocentrique mais objective. En complément dégager des idées positives. Ce qui implique qu’on peut difficilement faire du craft dans une société qui ne nous correspond pas. Que ce soit en termes de culture, ou d’agissements par rapport à nos valeurs intrinsèques.

C’est très intéressant ce que tu viens de dire parce que la question était quelles sont les compétences nécessaires pour être un craft et tu as placé le plaisir du travail bien fait au centre de ce qu’un craft doit maîtriser. Ce plaisir est-il suffisant pour être craft ?

En fait le plaisir il va ressortir du “bel ouvrage”. Réussir à faire les choses de la meilleure manière possible, apporter les bonnes solutions. Le plaisir que l’on va en retirer est donc issu en partie d’une capacité technologique à apprivoiser puis maîtriser les sujets. Le fait de se former continuellement, d’apprendre des autres et de transmettre également, pour que l’ensemble puisse s’élever de manière interactive est important. Et passionnant.

Alors de ton point de vue il est assez pertinent de placer le plaisir au centre de l’apport de valeur d’un collaborateur ou d’un développeur peu importe. Je pense que ça va aussi avec la passion. il faut avoir la passion pour ce qu’on fait. Cela dit être passionné est-il suffisant pour être craft ?

Je pense que si on a la passion le craft viendra forcément avec la maturité puisqu’en étant passionné on va forcément s’intéresser aux sujets et donc découvrir ce qui se fait de mieux. Etre craft sans être passionné par contre me semble beaucoup plus compliqué. Puisque si on n’a pas de passion on aura une curiosité limitée. Donc la passion seule ne servira à rien si elle ne se traduit pas d’un besoin de reconnaissance, de découverte, d’appropriation des meilleures pratiques. 

Je suis développeur, je suis passionné, pourrais-je être craft tout seul et qu’est-ce que m’apporterait une équipe craft ?

La première image qui me vient serait comme jouer au tennis en face d’un mur. On va réussir à maîtriser les coups, les rebonds, mais on va rapidement manquer de profondeur. On peut lire des bouquins mais on va potentiellement mal interpréter notre lecture et passer à côté de beaucoup de choses. On ira aussi beaucoup moins vite sans recroiser les expériences et confronter les idées 

Nous avons parlé de craft et d’excellence. En quoi et par quoi le craft apporte de l’excellence ?

D’un point de vue global cette notion de plaisir, de meilleures pratiques, de motivation apporte une énergie positive qui normalement rassemble et emmène les personnes sur une voie vertueuse. Ensuite d’un point de vue projet, réalisation du travail en lui-même, la motivation qu’on a pour faire les choses et utiliser ce qui se fait de mieux en termes d’outils et de pratiques ne donne pas la certitude d’arriver à quelque chose d’excellent, mais en tous les cas c’est une base nécessaire qui offre le maximum de garantie pour y arriver.

La définition que tu donnes du craft rejoint en beaucoup de points la notion d’artisan dans sa noblesse. Le développement informatique a-t-il à ton avis atteint un niveau de maturité équivalent à celui par exemple d’un artisan boulanger ?

Alors je dirais non. D’abord parce que la baguette de pain est une recette séculaire et la baguette française je crois même qu’elle est déposée à l’Unesco. A l’inverse l’informatique évolue toujours. De manière générale on est encore très loin du craft puisque il y a beaucoup de pratiques différentes et pas forcément des meilleures. Il y a encore beaucoup de choses à faire et à découvrir mais par contre il y a selon moi en tous les cas des chemins  qui vont dans ce sens et qui ont un bon niveau de maturité et d’efficacité. Je pense qu’on pourra en parler lors d’un prochain article.

Alors une dernière question, le marché actuel est il mature pour accepter la notion de artisan développeur ? 

Je dirais que oui le craft encore une fois c’est une manière d’être. L’envie de faire les choses le mieux possible mais on n’a pas de certificat de craftman. Si on prend l’exemple du bâtiment on a tout un tas de certificats couvrant chacun un pan d’oeuvre complet et pérennes. En informatique on en a aussi, mais sur des briques et des technologies plutôt unitaires. Qui ramènent plus à la notion d’expertise ciblée. Mais il n’y a pas une solution qui va nous permettre de répondre à tous les besoins. Reste donc la nécessité de se servir, d’assembler et d’adapter des solutions pour parvenir aux résultats qu’on cherche à atteindre et qui sera de toute manière toujours remise en cause et toujours améliorable, avec des technologies et solutions qui elles-mêmes évoluent et n’ont pas jusqu’à maintenant d’état de complétude.

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